Par Ilyes Aribi
A
A
La Kabylie est devenue l’enjeu central de la coopération sécuritaire entre Alger et Paris. Depuis la réconciliation franco-algérienne actée officiellement lors du dernier voyage à Alger et Oran du président français Emmanuel Macron, les services secrets algériens et français ont validé une nouvelle feuille de route axée essentiellement sur les échanges d’informations et de dossiers concernant la surveillance des militants des mouvements politiques qualifiés de dissidents par les autorités algériennes et activant en Kabylie.
Selon nos sources, depuis la rencontre historique tenue le 26 août dernier à la Résidence présidentielle de Zéralda entre les délégations sécuritaires et militaires algériennes et françaises, la coopération autour de la question Kabyle est devenue le nouveau pilier du partenariat franco-algérienne. En des termes plus clairs, d’après nos sources, les services secrets français se sont engagés auprès de leurs interlocuteurs algériens à leur fournir toutes les informations nécessaires sur les mouvements, les actions et les plans préparés par les activistes indépendantistes kabyles exilés en France. Officieusement, Paris partage l’inquiétude d’Alger au sujet du risque d’expansion des idées radicales favorables aux tendances séparatistes en Kabylie et la France officielle a assuré les dirigeants algériens qu’elle se tient à leur côté pour les aider à préserver l’unité nationale et l’intégrité territoriale du pays.
La France a assuré qu’elle ne souhaite ni la division ni encore moins l’instabilité politique ou sécuritaire en Kabylie, une région sensible en Algérie. Des rapports sécuritaires algériens ont mis en garde récemment contre un renforcement des activités des militants séparatistes kabyles en France et au Canada. La dureté de la répression pratiquée en Kabylie depuis 2021 et l’emprisonnement de nombreux militants du MAL ainsi que des autres tendances autonomistes a produit un effet boomerang et renforce le sentiment de sympathie de certains pans de la diaspora kabyle à l’égard des activistes séparatistes considérés de plus en plus comme des « martyrs » persécutés par le régime algérien.
Cette nouvelle configuration inquiète fortement les services secrets algériens qui ont exercé une forte pression sur leurs homologues français pour « contrôler » et « surveiller » les actions préparées depuis la France en faveur d’une mobilisation populaire en Kabylie. Avec la dégradation des conditions socio-économiques et l’aggravation de la colère populaire face à la répression brutale menée contre des militants pacifiques, la Kabylie n’est pas à l’abri d’une explosion émeutière qui pourrait compromettre la stabilité du régime algérien. C’est ce scénario cauchemardesque que les dirigeants algériens veulent éviter à tout prix. La France semble partager aussi cette préoccupation.