L’agence officielle Maghreb arabe presse (MAP) part dans tous les sens. Depuis quelques mois, il lui arrive, en plus de bombarder ses abonnés chaque jour avec les prix du poisson, des céréales et autres fruits et légumes, de pondre des dépêches pleines d’éloges pour un restaurant qui vient d’ouvrir, une nouvelle marque de smartphones…
Jusque-là, la pilule pouvait passer, mais la MAP a franchi un cap, mardi 9 août, en pondant un papier tressant des lauriers pour la marque chinoise Shein sous ce titre qui vaut son pesant en or: «Les 10 points clés pour comprendre le succès de la marque d’ultra fast-fashion Shein».
Si ce coup de promo est passé inaperçu auprès de Monsieur tout le monde, il a été très mal vu par les professionnels du secteur du textile et de l’habilement au Maroc et auprès des fervents défenseurs de la préférence nationale.
Explication: la marque chinoise Shein mène depuis quelques années une concurrence sans merci au textile marocain de par son prix, mais surtout grâce aux plateformes de commerce électronique qui lui sont dédiées.
Selon des professionnels du secteur, les tonnes d’articles qui ont inondé le marché national, sans pratiquement payer d’impôts, a fait perdre aux professionnels marocains plusieurs milliards de dirhams et fait perdre au fisc d’autres milliards de dirhams.
A la mi-juillet, l’administration des douanes a dû intervenir pour limiter les dégâts et taxer les achats de Shein en provenance de Chine (ils étaient exonérés quand la somme ne dépasse pas les 1.200 dirhams).
Pour inonder le marché marocain, et contourner le fisc, les promoteurs des plateformes au service de Shein multipliaient et fractionnaient les achats. Et le cumul représentait plusieurs milliards de dirhams.
«L’article de la MAP tombe très mal à propos et on se pose des questions sur ses visées et sur le timing, à moins qu’il s’agisse d’une erreur d’appréciation», souligne un professionnel du secteur du textile marocain.
C’est déconcertant de voir une agence officielle promouvoir Shein, alors que cette marque représente une concurrence déloyale pour notre industrie textile locale. Cela soulève des questions sur la priorité donnée à la consommation rapide au détriment du soutien à nos artisans et à notre savoir-faire national. Espérons que cette situation fasse réfléchir sur l’importance de valoriser nos produits locaux !