Les relations entre l’Egypte et l’Algérie se sont détériorées ces derniers jours à cause de plusieurs malentendus qui risquent d’instaurer une froideur entre les deux pays pendant une longue période. Les efforts fournis par Abdelmadjid Tebboune lors de sa visite au Caire fin janvier 2022 ont été gâchés par de nouveaux épisodes qui ont aggravé l’incompréhension entre l’Algérie et l’Egypte. Le rapprochement tant attendu entre les deux pays n’aura finalement pas lieu car le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a, semble-t-il, pris ses distances avec le régime algérien.
Et Alger a bien senti la colère du Caire à la suite de la déclaration officielle de la diplomatie égyptienne en faveur de la position du Maroc dans le dossier du Sahara Occidental. Le 9 mai dernier, l ‘Égypte a affirmé ouvertement son soutien à l’intégrité territoriale du Maroc et son engagement en faveur du règlement par l’ONU de la question du Sahara Occidental.
La position égyptienne avait été exprimée dans le communiqué conjoint, rendu public à l’issue des entretiens du ministre marocain des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita, avec le chef de la diplomatie égyptienne, Sameh Choukri. M. Choukri avait souligné, à cette occasion, l’appui de l’Égypte au contenu des résolutions du Conseil de sécurité, dont la résolution 2602 de 2021, qui a salué les efforts sérieux et crédibles du Maroc visant à aller de l’avant vers un règlement politique de la question du Sahara Occidental.
La position égyptienne est un alignement systématique sur la position marocaine et le Caire n’a même pas pris la peine de ménager la sensibilité d’Alger alors qu’à la fin du mois de janvier dernier, al-Sissi avait lancé un processus de rapprochement avec Tebboune et le régime algérien.
Un processus suspendu en raison de la position de l’Algérie au sein du fameux G4 africain, la fameuse plateforme qui réunit l’Algérie, l’Afrique du Sud, le Nigeria et l’Éthiopie, l’ennemi juré de l’Egypte en raison du conflit ouvert sur le partage des eaux du Nil avec le fameux barrage Éthiopien de la Renaissance. Le G4 africain est un regroupement sein de l’Union africaine qui a été réactivé à la mi-février dernier
Le G4 africain se veut un regroupement informel à but diplomatique lancé à Bruxelles la semaine dernière, en marge du dernier sommet de l’Union européenne-Afrique. C’est un communiqué de la présidence nigériane qui l’a annoncé le 18 février dernier. Il a pour but de coordonner, analyser, concerter et trouver des solutions aux défis du continent en proposant un mécanisme stratégique qui vise, selon ces pays, à apporter des solutions « pratiques et efficaces » aux différents problèmes auxquels l’Afrique est confrontée.
Le Nigeria, l’Afrique du Sud, l’Algérie et l’Éthiopie partagent effectivement le même point de vue sur de multiples questions concernant le continent.
Justement, le Caire n’a pas du tout apprécié le manque de soutien de l’Algérie dans le dossier qui l’oppose à Adis-Abeba. Le rapprochement de l’Algérie avec l’Ethiopie a suscité l’exaspération de l’Egypte qui s’attendait à un soutien plus franc et direct au nom des valeurs panarabes prétendument défendues par la diplomatie algérienne.
Fin février 2022, le président égyptien Al-Sissi illustre ouvertement sa colère lorsqu’il quitte le Koweït la veille de l’arrivée du président algérien Tebboune. Le maître du Caire a voulu envoyer un message fort au maître d’El-Mouradia : nous sommes déçus et en colère.