La délégation italienne est repartie bredouille d’Alger. Le ministre italien des Affaires étrangères, Luigi Di Maio, avait quitté lundi soir dernier Alger sans rien obtenir de la part des autorités algériennes concernant la demande officielle formulée par l’Italie pour obtenir « augmentation des fournitures de gaz » afin de compenser une éventuelle baisse des approvisionnements de côté russe.
La délégation italienne avait, pourtant, demandé une petite augmentation de l’ordre d’à peine 2 milliards de mètres cubes afin de renforcer les stocks de gaz naturel en cas d’aggravation des tensions autour de la guerre en Ukraine. Les autorités algériennes ont refusé de s’engager favorablement pour la concrétisation de cette demande qui consiste à expédier encore davantage de gaz naturel sous forme de GNL vers l’Italie. L’Algérie est incapable de produire davantage de gaz naturel conventionnel au regard de sa demande intérieure très forte et des limitations des ses infrastructures productives marquées par un sous-investissement général depuis 2019, année à laquelle le pays est entré en crise politique.
Cependant, selon des sources diplomatiques algériennes, le refus de livrer une nouvelle petite quantité de gaz naturel à l’Italie s’explique aussi par la volonté d’Alger de ne pas effaroucher l’allié russe. L’Italie au même titre que les autres pays européens a appuyé les sanctions internationales contre Moscou et adopte une position très hostile à l’encontre de la Russie. Coincée entre la nécessité de préserver ses liens amicaux avec l’Italie, son premier client gazier tout comme l’Espagne, et l’obligation de protéger son alliance avec la Russie, Alger a été contrainte de faire un choix contraignant et délicat. Et ce choix porte nettement en faveur de Moscou.
L’Algérie refuse de « trahir » Poutine ou de lui faire sentir qu’elle peut pactiser secrètement dans son dos avec ses adversaires européens.
Pour rappel, dépendante à 45% du gaz russe, l’Italie compte diversifier « au plus vite ses sources d’énergie pour réduire cette dépendance », avait déclaré vendredi le chef du gouvernement italien Mario Draghi, regrettant les mauvais choix du passé. Le gaz algérien est acheminé en Europe via, notamment, deux gazoducs reliant le pays à l’Italie et à l’Espagne.