Les relations entre Alger et Abu Dhabi sont très tendues et les dirigeants algériens ne digèrent pas le traitement froid et indifférent qu’ils reçoivent depuis les Emirats. Et pour manifester son exaspération, Abdelmadjid Tebboune a fait exprès de provoquer les émirs de Dubaï et d’Abu Dhabi lors de sa visite d’Etat au Koweït.
Lors de cette visite, Abdelmadjid Tebboune a rencontré mardi soir 22 février dans la capitale koweïtienne, des membres de la communauté nationale établie au Koweït, en marge de la visite officielle qu’il a entamée dans ce pays.
Lors de cette rencontre, Tebboune a écouté les préoccupations et propositions des différents intervenants présents, avant de répondre à leurs questions sur la politique et la situation socio-économique du pays et d’évoquer les relations algéro-koweïtiennes et les moyens de les promouvoir. Et concernant les relations bilatérales, le président algérien a mis en avant les liens de fraternité « solides » existant entre les deux pays, affirmant qu’en dépit de la distance géographique qui « nous sépare, nous, dans le Maghreb arabe, nous essayons de nous rapprocher des pays du Golfe et de les défendre car ce qui touche le Koweït, le Qatar ou l’Arabie Saoudite, touche l’Algérie, chose que nous n’accepterons jamais ».
Dans sa déclaration, Tebboune a délibérément choisi de ne pas citer les Emirats Arabes-Unis avec lesquels l’Algérie est en froid. Le message diplomatique du président algérien est on ne peut plus clair : nous sommes amis avec tous les pays du Golfe sauf les Emirats derrière lesquels Tebboune a refusé de se ranger.
Cette provocation n’est pas passée inaperçue aux Emirats et une polémique a éclaté discrètement à l’ambassade des Emirats Arabes-Unis à Alger où des voix se sont élevées pour déplorer ce « geste inamical » de Tebboune. La réaction d’Abu Dhabi est parvenue aux canaux du régime via des lobbyistes qui tentent ces derniers mois de « normaliser les relations » entre les deux pays. Alger reproche beaucoup à Abu Dhabi son soutien inconditionnel au Maroc et ses livraisons d’armes « au voisin honni » par le régime algérien. L’Algérie a manifesté à maintes reprises sa désapprobation de l’ingérence émiratie en Libye et son implantation musclée en Mauritanie ou en Tunisie où Abu Dhabi impose une influence jugée malsaine par Alger, voire menaçante pour les intérêts stratégiques de l’Algérie.