L’inculpation officielle du général Khaled Nezzar, ex-ministre de la Défense Nationale et l’un des symboles ou piliers de l’institution militaire algérienne, est pour bientôt. Le général algérien sera officiellement inculpé de complicité de crimes contre l’humanité et devra prochainement se présenter sur le banc des accusés du Tribunal Fédéral Suisse à Berne. Une première dans les annales de l’histoire car ça sera le procès à l’étranger portant sur les crimes et dérives de la décennie noire en Algérie. A Alger, ce procès fait énormément grincer des dents et provoque une panique sans précédent à cause de la lourde symbolique d’abord, et les potentielles futures poursuites contre d’autres hauts responsables politiques et militaires algériens ensuite.
Mais aux yeux de la diplomatie algérienne, l’affaire Nezzar n’est pas seulement une affaire de justice, mais une affaire de politique et de bras-de-fer entre la Suisse et l’Etat algérien. De nombreux diplomates algériens attestent que l’accélération de la procédure judiciaire en Suisse est fortement liée à l’affaire des Frères Kouninef qui demeurent emprisonnés en Algérie depuis le printemps 2019. A Alger, les dirigeants politiques et militaires sont persuadés que les autorités suisses exercent de la pression et menace le régime algérien avec l’Affaire Nezzar parce qu’ils n’ont pas voulu céder sur l’affaire des frères Kouninef qui sont également des ressortissants suisses jugés et incarcérés à la suite de procédures expéditives qui manquent cruellement de transparence et de fiabilité.
La maman et la sœur des frères Kouninef, deux ressortissants suisses établis à Lausanne, ont multiplié ces derniers temps les contacts auprès des autorités suisses afin d’exiger l’intervention de la Suisse auprès des dirigeants algériens pour réclamer la réouverture du dossier des frères Kouninef et l’organisation d’un autre procès équitable. Le refus obstiné du régime Tebboune aurait provoqué le courroux de Berne qui a riposté en sortant « les dossiers noirs » du régime algérien pendant les années 90. Si plusieurs sources diplomatiques algériennes confirment la véracité de cette thèse, côté suisse, aucune source officielle ou officieuse n’a voulu commenter ou démentir cette lecture faite par l’affaire Nezzar à Alger.