La débandade de la politique africaine de la France, déjà sérieusement mise à mal sous les présidents Sarkozy et de Hollande, est aujourd’hui exaltée par une succession des « coups d’Etat populaires » dans des pays considérés jusqu’il y a peu comme des protections françaises.
Le dernier en date a eu lieu, ce dimanche 23 janvier, au Burkina Faso. Le président Roch Kaboré a été destitué par des jeunes militaires qui ont annoncé la suspension de la Constitution, la dissolution du gouvernement et de l’Assemblée nationale ainsi que la fermeture des frontières terrestres et aériennes du Burkina Faso.
La France n’a rien vu venir comme lors du coup d’Etat qui a emporté en septembre le président Alpha Condé en Guinée et celui qui en mai 2021 a mis KO le président de transition Bah N’Daw. Les renseignements français, qui se targuent d’être bien implantés dans les pays de l’Afrique de l’Ouest, ont été pris de cours. « Paris n’a plus d’oreilles dans la majorité des pays. Les jeunes officiers, contrairement à leurs aînés, n’aiment pas la France et n’ont pratiquement pas de relations avec elle », explique un ancien diplomate qui était longtemps en poste dans un pays du Sahel.
Il faut dire que l’échec des opérations françaises contre le terrorisme djihadiste au Sahel a écorné l’image de l’hexagone. Le soutien apporté par Paris aux élites, certes démocratiquement élues, mais complètement coupées des réalités des populations et des pays a rajouté à l’incompréhension.
Les militaires burkinabés comme leurs homologues maliens en ont eu marre d’un commandement politique incompétent et d’une tutelle française arrogante. Les jeunes militaires lorgnent militairement vers la Russie et économiquement vers la Chine. « Les relations avec Moscou et Pékin sont plus simples et plus pragmatiques », raconte à Maghreb-intelligence le diplomate cité plus haut. Il n’est donc pas étonnant que les 3 derniers présidents africains renversés par leurs armées soient un pur produit de la France-Afrique.
Emmanuel Macron totalement happé par la présidentielle et surtout par les développements de la crise entre la Russie et l’Ukraine ne semble que peu se soucier de ce qui arrive dans le carré africain, historiquement sous influence française. L’Elysée se détourne aujourd’hui complètement de ses alliés africains.