Après des années de relations tumultueuses, Bouteflika et la France se réconcilient. La conjoncture internationale nouvelle a, visiblement, poussé le président algérien à ne plus faire confiance à ses protecteurs américains. Le sort réservé aux dictateurs arabes a incité Bouteflika, un fin stratège, à reconfigurer les relations algéro-françaises. [onlypaid]
Aujourd’hui, il accepte de donner aux entreprises françaises la plus grande part du gâteau du prometteur marché algérien. Mais pour cela, un deal a été conclu avec Jean-Pierre Raffarin, l’envoyé spécial de Sarkozy et monsieur Algérie à l’Elysée. En guise d’une protection française et des efforts diplomatiques pour améliorer l’image de l’Algérie, Bouteflika éjecte du marché ses amis des pays du Golf et offre sur un plateau en or les contrats les plus juteux aux sociétés françaises en difficultés par ces temps de crise. Selon de nombreuses sources proches de la Présidence, les services de la diplomatie française ont joué un rôle important dans l’élaboration de la feuille de route proposée par Bouteflika pour réformer le régime. «Ce sont les français qui ont convaincu Bouteflika d’associer les militaires à la commission de Bensalah. Ils lui ont bien expliqué qu’il était temps de faire la paix avec le clan des généraux et des services de Mohamed Mediène alias Taoufik-le DRS-. Pour cela, ils ont fait l’intermédiaire entre le clan présidentiel et les lobbies militaires pour arriver à un accord général sur la feuille de route à adopter. Pour les services français, il fallait éviter à tout prix que la situation s’embrase en Algérie», explique ainsi un observateur proche du palais d’El Mouradia.
Selon d’autres sources, Alain Juppé et J.P. Raffarin ont exercé une énorme pression sur Sarkozy pour intervenir en Algérie afin d’aider Bouteflika à traverser cette zone de turbulences. «Ils ont bien expliqué à Sarkozy que l’Algérie ne doit pas être la Libye ou le Yémen. Cela sera dangereux pour la France et tout le Maghreb. Les entreprises françaises en quête de gros contrats pour se sauver de la faillite aurait payé très cher la facture des nouveaux troubles en Algérie», explique une source proche de l’ambassadeur de France à Alger.
Cependant, tout indique que le travail des réseaux français en Algérie n’a pas été de tout repos. Bouteflika qui cherche à tout prix à se débarrasser d’Ouyahia s’est retrouvé obligé à mettre de l’eau dans son vin. A ce sujet, les français l’ont persuadé qu’il n’est pas de son intérêt de trop bousculer les rapports de forces. Idem pour la libération des détenus du FIS. Cette dernière mesure a fâché le clan militaire. Et c’est une nouvelle fois les émissaires français qui sont intervenus pour négocier avec Bouteflika le gel de cette décision afin de maintenir la cohésion du régime. Pour le moment, seule cette cohésion, soigneusement cousue par El Mouradia et l’Elysée, garantit à Alger un semblant de tranquillité et quelques moments de répit. [/onlypaid]