Si les amendements de la loi organique sur la Cour Constitutionnelle ont été approuvés par les députés, 141 voix pour, 15 contre et 10 abstentions, cette institution ne verra pas le jour de sitôt. Après avoir renvoyé le projet de loi au Parlement pour une deuxième lecture, le président de la République, Kaïs Saïed est plus que jamais déterminé à émettre son véto contre la mise en place de la Cour Constitutionnelle sur mesure, sujet de discorde avec ses ennemis, les islamistes et cie.
Alors qu’il devrait parapher la loi et ordonner sa publication dans le Journal officiel au plus tard lundi, Kaïs Saïed fera le forcing pour déjouer les manœuvres dolosives de la Troïka islamofascite. Une révélation confiée à Maghreb Intelligence par une source très proche du palais présidentiel. Le chef de l’État lie le timing de la mise en place de la Cour Constitutionnelle aux manigances de la Troïka parlementaire, Ennahda, Qalb Tounes et Al Karama, avec qui il est en guerre ouverte.
En effet, les députés islamistes, modérés et fascistes, promettent ces derniers temps de démettre le président de la République de ses fonctions une fois la Cour Constitutionnelle mise en place. Une démarche impossible à concrétiser mais la menace reste persistante sur la survie politique de Kaïs Saïed, qui s’est autoproclamé parrain de la guerre contre les corrompus et complotistes.
Pour contrecarrer les plans de ses détracteurs, le président Saïed s’appuie sur sa lecture de la Constitution: la Cour Constitutionnelle devait voir le jour un an après le scrutin législatif (2014). À vrai dire, le pensionnaire de Carthage fera un coup double : après avoir bloqué le remaniement ministériel de Hichem Mechichi, il étouffera la soif excessive de pouvoir de Rached Ghannouchi… Mais à quel prix ? Il accentuera la crise politique et éternisera l’échec d’un régime obsolète.