Après une décennie d’impasse, l’intronisation du gouvernement Abdelhamid Dbeibah – chargé d’assurer la tenue des élections le 24 décembre – permettrait à la Libye de voir le bout de tunnel. C’est en tout cas ce que révèlent les chiffres récents de la Banque africaine de développement. Dans son dernier rapport sur les perspectives économiques en Afrique 2021, la BAD prévoit une croissance record en Libye : le taux atteindrait 37.5% en 2021 contre une chute de -60.3% en 2020.
Pour y arriver, la Libye, seul pays en Afrique à éventuellement afficher une croissance à deux chiffres, devrait miser sur les vieux modèles d’exportation des matières premières – le pétrole – après les problèmes de gouvernance et le blocus imposé, auparavant, par les troupes de Haftar. Si l’entrée en vigueur le 1er janvier 2021 de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) contribuerait à libérer les potentialités d’un grand marché unique, selon la BAD, le gouvernement de transition fera également face aux difficultés de renouveler le modèle économique et de se diversifier pour décoller et concrétiser les estimations de la BAD en 2021.
Les défis demeurent de taille pour Abdelhamid Dbeibah, ancien responsable sous Kadhafi, réputé proche de la Turquie : la crise sanitaire et l’accès au vaccin, la reconstruction du pays – détruit par des années de chaos, la corruption et le départ des 20 000 mercenaires et milices étrangers. Le nouveau gouvernement, issu du processus de réconciliation nationale parrainé par l’ONU, réussira-t-il à répondre aux attentes pressantes des Libyens après dix ans d’affrontements ? Affaire à suivre…