Le 4 décembre 2018, Ahmed Gaid Salah, le défunt chef de l’armée algérienne, était en visite officielle à Doha au Qatar. Officiellement, l’ex-puissant patron de l’institution militaire algérienne était parti au Qatar à l’invitation de son homologue qatari le général-major Hamad Ben Ali Al-Attia, avait indiqué à l’époque un communiqué du ministère de la Défense nationale (MDN). Mais au Qatar, Gaid Salah ne s’est pas contenté d’échanger avec les qataris sur la coopération militaire, qui n’existe pratiquement pas entre les deux pays. En vérité Gaid Salah a fait escale à Doha pour rencontrer deux personnalités importantes : l’émir du Qatar et le leader islamiste tunisien Rached Ghannouchi. Personne à l’époque n’avait osé en Algérie révéler la teneur des échanges tenus lors de cette rencontre restée longtemps secrète.
Ghanouchi et Gaid Salah s’était rencontré dans un discret salon d’un hôtel à Doha. Les deux hommes ont parlé ouvertement de la situation politique en Algérie et au Maghreb. Gaid Salah avait demandé clairement à Ghanouchi de l’aider à trouver un candidat sérieux et crédible pour la course aux Présidentielles d’avril 2019. Gaid Salah avait officiellement divorcé avec le clan présidentiel des Bouteflika notamment son principal cerveau Said Bouteflika. Depuis l’affaire de la cocaïne de l’été 2018, les deux hommes sont à couteaux tirés et la lutte fait rage pour se positionner en prévision du scrutin présidentiel d’avril 2019.
Said Bouteflika voulait imposer Ahmed Ouyahia dans cette course aux présidentielles, Gaid Salah opposait son véto et cherchait lui-même son propre candidat avant d’imposer à partir de janvier-février 2019 le 5e mandat pour neutraliser tous les candidats parrainés par Said Bouteflika et son clan.
A Doha, Gaid Salah s’est lâché face à Ghanouchi en lui demandant, d’abord, conseil et en l’assurant que l’armée veillera à un scrutin présidentiel équilibré et transparent. Gaid Salah voulait que Ghanouchi influence les islamistes algériens pour les convaincre de travailler sous l’égide de Gaid Salah et de lui présenter un candidat crédible qui peut torpiller les projets du clan des Bouteflika. Les échanges ont tourné tout naturellement autour de la personnalité d’Abderrazak Makri, le leader du MSP et des islamistes lights, à savoir modérés en Algérie.
Mais Makri sera très cupide. Après avoir rencontré Gaid Salah pour entamer les négociations, il ira rencontrer secrètement Said Bouteflika pour tenter un coup avec le clan présidentiel. Ce double jeu finira par arriver aux oreilles de Gaid Salah qui a décidé dés janvier 2019 de rompre avec les islamistes et leur leader Makri. Et tout tombe à l’eau. L’armée algérienne finit par imposer le 5e mandat dès février 2019. La suite de l’histoire, tout le monde la connaît..
Du Harry Potter sur un tapis volant oriental.