Contestation sociale, crise financière, dialogue de sourds… Nombreux sont les dossiers délicats auxquels le gouvernement Mechichi fait face dès sa prise de fonction. Cependant, par ses décisions démesurées, le chef de l’exécutif, un grand commis de l’État, inconnu du grand public il y a de cela quelques mois, pourrait mener la Tunisie à la dérive.
Pour mettre fin au blocage de la production pétrolière à El Kamour, au sud du pays, Hichem Mechichi a cédé aux revendications des protestataires et a fini par approuver de nombreuses mesures en faveur de la région, dont la plus généreuse est la mise en place d’un fonds de développement régional et un autre d’investissement de 80 millions de dinars chacun, outre le recrutement de 1 000 chômeurs dans une société publique. Cette démarche, très coûteuse au vu des finances de l’État, a suscité la colère de plusieurs régions marginalisées. Face à la fronde et les appels à manifestations, Mechichi est intervenu pour jouer au pompier et promettre des démarches similaires. Certes la justice sociale est l’une des revendications de la révolution de 2011, mais l’exécution de ces accords et promesses intrigue.
La situation financière en Tunisie est chaotique. Le gouvernement est en conflit avec la Banque centrale de Tunisie (BCT) pour le financement du déficit budgétaire et Hichem Mechichi s’est permis de jouer avec le feu avec cet engagement lourd de conséquences. Pire encore, le chef de l’exécutif prône “une inflation élevée qu’un peuple affamé”. Avec cet argument populiste et insensé, Mechichi rend public son ignorance des répercussions néfastes de l’inflation galopante, dont l’effondrement de la valeur de la monnaie, ainsi, le peuple sera affamé. Le locataire de la Kasbah, au lieu de miser sur des réformes structurelles et un modèle de développement fiable, se voile la face et désire porter le coup de grâce aux finances publiques. Affaire à suivre…