Une récession historique du PIB de l’ordre de 6,8%, une dette extérieure insoutenable de 92 milliards de dinars (environ 30 milliards d’euros) et des sociétés publiques en faillite… Dix ans après la révolution, le chaos politique en Tunisie freine une relance économique en dégringolade continue. Les inégalités sociales et régionales demeurent alarmantes et le niveau de vie des Tunisiens poursuit sa chute libre.
Si le clan Trabelsi est de l’histoire ancienne, “le système” est le même et le mode opératoire des cartels économiques n’a guère évolué. Les liens suspects entre les partis au pouvoir et les grandes fortunes mettent à mal l’économie et le pouvoir d’achat des citoyens. Par des projets de loi à la carte, une concurrence déloyale et une croissance personnelle sans limite, les grands patrons ont bâti des empires et conquis des positions très avantageuses. Ils décident de tout et gardent la mainmise sur différents secteurs, de l’agroalimentaire, à l’immobilier en passant par la distribution, l’automobile ou encore le tourisme.
En 2019, l’ancien ambassadeur à Tunis de l’Union européenne, Patrice Bergamini critiquait “des positions d’ententes et des monopoles qui entravent la transition économique”. Pour lui, “certains groupes familiaux n’ont pas intérêt à ce que de jeunes opérateurs tunisiens s’expriment et percent”. Un an après, la situation est immuable. Faute de changement et de volonté politique, une grande partie des Tunisiens a décidé de fuir le pays. La fuite des cerveaux vers des pays offrant de meilleures perspectives s’est accélérée et des familles quittent en navire la Tunisie, direction l’Italie. Ces derniers représentent 20% des migrants arrivés en Europe depuis le début de l’année.
Le chef du gouvernement tunisien, Hichem Mechichi a promis de s’efforcer à réaliser des progrès et résoudre la situation économique fragilisée par la conjoncture sanitaire. Pour ce faire, il a fait appel à Taoufik Baccar et Mongi Safra, deux hommes de Ben Ali ayant eu le soin de superviser les opérations de l’ex-famille présidentielle. Comme tous ses prédécesseurs, Mechichi prône le changement… Le dire c’est bien, mais appliquer les réformes, via des nouveaux projets de loi et une stratégie claire, pour sortir le pays du marasme économique serait beaucoup mieux.
La Tunisie un si beau pays. Dommage il est si mal géré.