Le sommet du pouvoir algérien se livre ces derniers jours à une véritable guerre de tranchées. Après un mois de consultations, de négociations et de conciliabules, le président Abdelaziz Bouteflika n’a finalement pas réussi à faire aboutir le projet politique avec lequel il espérait calmer une rue algérienne en ébullition, afin de préparer son retrait du pouvoir prévu en 2012. [onlypaid]
En effet, selon des sources proches du palais d’El Mouradia, Bouteflika serait furieux d’avoir essuyé un sérieux revers politique. Il aurait en effet échoué à convaincre les militaires de sacrifier le premier ministre Ahmed Ouyahia et son gouvernement. Pendant tout le mois de mars, Bouteflika a multiplié les rencontres avec les principaux acteurs de l’Alliance Présidentielle, ainsi qu’avec les émissaires du général Mohamed Mediène dit « Toufik ». Ces rencontres nocturnes avec ces « visiteurs du soir » -qui souvent duraient de longues heures- avaient pour objectif d’affiner et de coordonner une nouvelle stratégie promue par Bouteflika en personne. Ce plan s’articulait autour des trois points suivants : démission du premier ministre Ouyahia, amendement de la constitution avant la fin de 2011, et nomination d’un vice-président auquel seraient confiés les rênes du pays et l’organisation de présidentielles anticipées.
Cette feuille de route n’a pas convaincu le clan du général Mohammed Médiène « Toufik » qui, par le biais du chef d’état-major de l’ANP, Ahmed Gaïd Salah, a envoyé un message clair à Abdelaziz Bouteflika : Ahmed Ouyahia restera en fonction. Comme une démonstration de la puissance des militaires, le premier ministre a même été dépêché devant les caméras de la télévision le 1er avril dernier, et ce sans en informer au préalable le Président. Ouyahia a ainsi affirmé devant une Algérie incrédule qu’il « n’écartait pas » l’idée de se lancer à l’assaut du palais d’El Mouradia lors de la prochaine Présidentielle.
Inhabituellement combatif, Bouteflika n’a pas mis beaucoup de temps pour riposter et déclarer à son tour la guerre totale. Ainsi, le Président algérien a décidé d’effectuer une tournée dans plusieurs wilayas pour signifier aux Algériens qu’il est toujours le « Patron ». Il préparerait même un discours au cours duquel il répondrait subtilement à la «vanité» d’Ouyhia et de ses mentors. Ce discours sera prononcé à Tlemcen le 16 avril prochain lors de la célébration de cette ville comme capitale de la culture islamique.
En coulisses, les stratèges de Bouteflika avec à leur tête son frère Saïd, continuent à travailler sur tous les scénarios possibles pour déloger Ahmed Ouyahia de la primature. Et comme fer de lance de cette nouvelle compagne, ils ont choisi à nouveau Abdelaziz Belkhadem, chef du FLN. Contesté par la base de son parti, Belkhadem a néanmoins trouvé les ressources nécessaires pour qu’il se présente mercredi prochain devant la télévision nationale, afin de donner une « autre » lecture de la situation sociopolitique et économique de l’Algérie. Avec ce nouvel acte d’allégeance au clan présidentiel, Belkhadem espère revenir dans les bonnes grâces de Bouteflika, alors que celui-ci avait décidé récemment de le remplacer à la tête du FLN. [/onlypaid]