Le contexte de la pandémie que vit le monde aujourd’hui, du fait du Covid19, est déjà entrain d’éclipsé des certitudes et amener des paradigmes nouveaux dans la gestion des institutions et des hommes.
L’anxiété, la peur et la souffrance n’envahissent pas seulement des individus; les pouvoirs publics ne cachent plus leur détresse et suggèrent pour résister à la crise un retour sans précédent, depuis la mondialisation, à la notion de l’Etat. Un État sans lequel aucune mobilisation de cette ampleur n’était possible.
Hier encore la mondialisation cherchait à réduire l’horizon du rôle de celui-ci , de ses attributs et de son personnel. Le pouvoir de la finance internationale transcendait les frontières, soumettait directement les hommes à des verdicts relayés par les technologies nouvelles en faisait l’engineering de l’inaptocratie comme principe de gouvernement. Les codes et la déontologie à suivre étaient fomentés en dehors des institutions de régulations. Les élites politiques n’étaient au mieux soutenues que pour galvaniser , à travers les médias et les réseaux sociaux, le grand public.
Au pouvoir politique s’est substitué une sorte de décideurs ressemblant à plus d’égards au covid19. Ils vous prennent à la gorge par le biais d’institutions financières internationales, de rencontres de superpuissants,de codes et de déontologies à suivre balayant d’un revers les aspirations des peuples à réaliser l’éradication de la faim,de la maladie et de l’ignorance. Pour le PAM, 100 milliards de dollars seraient suffisants pour combattre la faim dans le monde. Beaucoup de maladies seraient vaincues si les laboratoires pharmaceutiques sortaient les médicaments nouveaux dont ils disposent au lieu de gérer leurs stocks de chimiothérapies , d’insuline…décriés, de plus en plus,d’ailleurs, par des éminences scientifiques incontestables.
Et que dire de la santé, des hôpitaux et du personnel médical qui, a la faveur de cette terrible pandémie, commence tout juste à se voir délivrer le label de soldats et de héros des temps modernes!
Combien de billions de dollars sont déversés aujourd’hui pour venir à bout, dans la précipitation, du coronavirus;lorsqu’on, sait que, 4 ou 5 points du PIB suffiraient à pallier aux insuffisances des hôpitaux en hommes et en matériels et au manque d’encadrement dans la recherche scientifique et de l’enseignement. La chine a construit et équipé l’un des plus grands hôpitaux du monde en moins de 15 jours lorsque d’autres n’en sont pour quelques années encore, qu’à l’étude du concours d’architecture!
La mise en sourdine des querelles et affrontements politiques n’oblitèrent en rien les élans de solidarités et de générosités que s’accordent le monde face au péril du covid19 et ses débordements transnationales.
Il n’y a pas si longtemps, les dispositifs sécuritaires servaient de prétexte pour élever des murs contre l’immigration et les populations contraintes à l’exil et à la déchéance du fait des guerres qu’on leur a imposé.
L’Etat devenait responsable de tous les maux, de tous les déficits et de tous les échecs. Plus rien n’avait de sens aux yeux des institutions maîtres du monde. Il a fallu, au nom du libéralisme et de la libre entreprise, dépouiller les États: Le service public dont l’Etat avait la charge s’est vu confisqué,dépossédé voire même déshumanisé à l’exclusion de l’omnipotence sécuritaire. La privatisation devenait le maître mot des modèles de développements même chez les plus retissants au libéralisme. Parler de nationalisation devenait un mot blasphématoire quitte à faire sombrer des pans entiers du développement social à l’instar de l’enseignement, la recherche scientifique ou la santé et du logement.
L’accumulation, la mauvaise répartition et l’exploitation des faibles confisquaient toutes logiques de développement et ouvraient bien grandes la voie à l’injustice, l’asservissement et de nouvelles formes d’apartheid. Les guerres injustes ont conduit à la misère,à l’exode et au déchirement sans que personne ne réagisse. Au contraire, les grands ensembles se referment et font place aux doctrines et aux idéologies xénophobes, racistes et meurtrières. L’Europe bégaye devant la montée des idéologies les plus obscurantistes…
Tous les voyants sont au rouge et malgré les endémies économiques qui secouent le monde,dont celle de2008 et de ses conséquences; rare sont ceux qui s’accordent à décréter la fin du libéralisme comme système de gouvernement du monde dans ses formes actuelles. Pourtant, il faudrait se résoudre à l’évidence.
Au sortir de cette guerre contre le covid19; le système de Bretten-woods et de San Francisco seront appelés à se réformer sous peine de disparaître et de mettre le monde dans une phase chaotique. La réforme des institutions onusiennes tarde à venir et celle des institutions financières et de développement devrait faire place à des mécanismes nouveaux moins contraignants et plus égalitaires. La cyclicité des épidémies, bien que régulière ne relève pas que fatalisme ou d’un rappel à l’ordre divin. Il est toujours consécutifs à des changements radicaux : la peste de 1720 a largement contribué à lézarder le système féodalo- ecclésiastique dominant. Le choléra de 1820 a permis d’asseoir un système libérale naissant et raffermir les apports des révolutions américaines et françaises. Avec la grippe espagnole de 1920, la société des nations n’a pas réussie à parer aux générations futures les millions de morts de la seconde guerre mondiale ni d’instaurer la paix et la sécurité dans le monde telles que définies dans la charte des nations unies . Le communisme s’ est sacrifié sur l’autel des contradictions de son propre système de production,de l’improvisation de ses programmes de développement et de la propagande fallacieuse de ses performances et de ses réalisations. La fin de l’histoire n’a pas eu lieu. L’équilibre de la terreur a évité le recours à l’armement atomique, ce qui aurait été une autre fin de l’histoire de l’humanité. Gardons nous d’imaginer ce que pourrait être une guerre bactériologique si demain là victoire prochaine sur le covid19 n’apporterait pas, avec elle, les changements où l’homme et la nature ne seraient pas aux centres des toutes les stratégies…un choix.