Au Maroc, tout le monde le sait: les islamistes n’ont jamais gobé la Constitution de juillet 2011 qui officialise la langue amazighe au même titre que l’arabe. Si, au gouvernement, les dirigeants islamistes prennent leur temps pour l’adoption des textes réglementaires pour donner corps à cette officialisation, un autre travail de sape est entrepris au sein du Parlement.
Actuellement, à l’occasion de l’examen du projet de loi organique instituant le Conseil national de la culture et des langues, les députés islamistes font un grand forcing pour faire passer un amendement qui ne plaira surtout pas aux amazighophones: la mise à mort, pur et simple, de l’Institut royal de la culture amazighe (IRCAM).
Leur argument? Du moment que le pays disposera d’un conseil national qui englobe tout, plus besoin de l’IRCAM, cette institution que préside l’intellectuel Ahmed Boukous. Mais les islamistes tiennent un raisonnement contraire: ils ne veulent absolument pas qu’on touche à l’Institut de l’arabisation…
«Ces gens-là jouent avec le feu et il y a une différence entre gratter ses bases dans le sens du poil et préserver l’intérêt du pays et son unité», commente un militant de la cause amazighe pour qui, comme c’est pour d’autres, l’IRCAM est un grand acquis non seulement pour les amazighs, mais pour tout le pays.
Dans les quelques jours à venir, c’est à cette bataille que l’on va assister et non seulement à l’Hémicycle.